mercredi 4 juin 2014

C comme... Cathédrale de Strasbourg

La cathédrale de Strasbourg, mondialement connue (deuxième cathédrale la plus visitée de France après celle de Paris), a connu une histoire aussi glorieuse que mouvementée.

(source BNPA)

On retrouve une cathédrale dès 510 à Clovis, grâce à Clovis .La construction était alors sans doute en bois.

En 1018, l'évêque de Strasbourg Werner de Habsbourg fit construire une nouvelle cathédrale romane, sur les fondations de laquelle trône aujourd'hui la cathédrale Notre-Dame.

La cathédrale actuelle (la quatrième attestée) trouve son origine dans le souhait que formula l'évêque Henri de Hasenbourg, après l'incendie de la cathédrale de Werner de Habsbourg en 1176, de construire une cathédrale rayonnant dans tout le Saint-Empire, et qui doit notamment supplanter sa voisine bâloise.

Le premier maître d'oeuvre connu (précisons qu'à l'époque il n'y avait pas réellement de différence entre un maître d'oeuvre et un architecte, et que les plans, sensés simplement donner une idée globale, étaient parfois même gravé dans le sol des édifices, comme c'est le cas de Saint Nizier à Lyon), a laissé un nom indissociable de la cathédrale elle même, ayant vécu par et pour elle : Erwin de Steinbach, entré en fonction le 16 octobre 1284. Le documentaire fait l'an passé par Arte est d'ailleurs passionnant et à recommander vivement à qui souhaite découvrir comment s'est construite, décidée et pensée cette cathédrale au Moyen-Age. On lui doit notamment la magnifique rosace.

(source Strasbourg Photo)
A sa mort en 1318, c'est son fils, Jean, qui poursuivra son oeuvre.
La face quant à elle est de Gerlach, tandis que la galerie des apôtres et le beffroi -le "cube" au dessus de la rosace, d'une facture réputée plus grossière, est de Michel de Fribourg.

Sa célèbre flèche de la cathédrale, devant surpasser celle d'Ulm, est le fruit d'Ulrich d'Ensingen -alors justement architecte de cette dernière- et de Jean Hültz. Ce chef d'oeuvre du gothique fit de Notre Dame de Strasbourg "l'édifice le plus haut de la chrétienté" voire du monde jusqu'en 1874.

Bien que l'on trouve sur certains sites comme wikipedia que cette cathédrale fut achevée en 1439, son histoire ne s'arrête pas là et continuera à évoluer architecturalement parlant jusqu'à nos jours pratiquement.

Tout d'abord, l'horloge astronomique, qui fait encore aujourd'hui la renommée de la cathédrale, fut construite de 1571 à 1574.

Maintes fois aux prises des flammes, Notre-Dame fut également l'autel de divers cultes au long de l'histoire. D'abord catholique, elle devint rapidement protestante dans les années 1520, Strasbourg étant une ville qui adhéra très tôt à la Réforme. Elle fut rendue au culte catholique avec la prise de Strasbourg par Louis XIV en 1681. Sous la Révolution, elle devint dès 1792 "Temple de la Déesse Raison", avant de redevenir de façon pérenne catholique avec le Concordat en 1801.

Elle a la particularité de n'avoir qu'une seule flèche. Délire d'architecte ? Il était au départ prévu d'en construire une deuxième, mais le sol étant très meuble -limon, il eût fallut sacrifier en hauteur -et donc en majesté- pour faire cette deuxième flèche.

Détail original, la tour de croisé, fut transformée en 1793 en télégraphe.
source www.telegraphe-chappe.com

Pourquoi avoir choisi cependant de vous parler aujourd'hui de cette cathédrale ? Elle est quelque part comme un membre de la famille pour moi. D'un point de vue sentimental, le cadeau que m'a fait ma Grand-Mère à l'occasion de ma Confirmation fut un livre sur la cathédrale de Strasbourg. Mais c'est surtout avec mon Arrière Grand-Mère Suzanne Klotz (1903-1994, épouse de Paul Morellet) qu'elle est entrée dans la famille.
En effet, son Grand-Père, Gustave Klotz (1810-1880) fut architecte de l'Oeuvre Notre-Dame (l'Oeuvre Notre-Dame étant la fondation qui assurait depuis le Moyen-Age la gestion de la cathédrale, les architectes de l'Oeuvre étant par là même architecte de la cathédrale) et consacra sa vie à ce qu'il considéra comme "Sa" cathédrale. A tel point qu'il renonça à sa nationalité française après l'annexion de l'Alsace-Moselle à l'Empire Allemand, contrairement à son fils unique, pour se consacrer et "soigner" la cathédrale. La légende raconte que c'est en se baladant dans la campagne près de Molsheim qu'il aperçut la flèche en feu de la cathédrale, après une sorte de concours entre l'artillerie badoise et bavaroise en 1870.
Gustave Klotz

C'est à lui que nous devons l'actuel chœur de la cathédrale, et surtout, la tour de croisée néo-byzantine, qui porte, tout du moins officieusement, le nom de tour Klotz, en remplacement du télégraphe.
Tour Klotz, Source : Strasbourg Photo
Si une rue porte actuellement son nom à Strasbourg, il est un hommage amusant : une statuette de lui est dissimulé dans le vestibule nord de la cathédrale :
source : wikipedia
Ajoutons également que son Grand-Père, Sébastien-Antoine (1756-1819), a été lui aussi architecte de l'Oeuvre Notre-Dame pendant notamment la Révolution. C'est lui qui eut l'idée, selon la légende familiale, de coiffer la flèche de la cathédrale d'un bonnet phrygien en fer-blanc en 1794 pour la préserver...

Sources :
www.cathedrale-strasbourg.fr
“Gustave Klotz d’après ses notes, ses lettres, ses rapports” de Jacques Klotz, ed. Muh-Le Roux, 1965

2 commentaires:

  1. Superbe ! Ayant vécu quelques temps à Strasbourg, j'aime beaucoup cette cathédrale ! Quelle chance vous avez de pouvoir admirer une statue d'un de vos ancêtres :-)
    Elise

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    1. C'est vrai que sans vouloir faire preuve de chauvinisme, c'est tout de même l'une des plus belles cathédrale qui existe !

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