mardi 3 juin 2014

B comme... Bourg

Laissez moi aujourd'hui vous parler d'un oncle au destin que je trouve extraordinaire : Jean-Bernard Gauthier de Murnan, dit Bourg.

Ce surnom de Bourg viendrait du fait qu'il était originaire de Bourg en Bresse, où sa famille était établie depuis plusieurs siècles (on retrouve notamment des Syndics de Bresse, des officiers au Siège Présidial de Bresse, etc.).

Il naquit le 28 novembre 1748 à Bourg en Bresse, et mourut épuisé le 27 septembre 1796 dans son château de Noblens, à Villerversure dans l'Ain, austère bâtisse réaménagée au XVIIIème siècle.

Issu d'une famille de juristes (son père, Joseph-Valérien Gauthier était avocat à la Cour et Premier Syndic de Bresse, son frère, Antoine-Marie Gauthier des Isles était avocat militaire, et Jean-François Morellet -mon aïeul- son beau-frère était notaire royal), il embrassa une carrière militaire. Il est donc un bon exemple parmi tant d'autres de ces fils aînés de bonne bourgeoisie ou de noblesse de robe, qui, pour asseoir leur statut, prenaient les armes et s'inscrivaient ainsi dans les pas de la vieille noblesse d'épée.

Parcours somme-toute assez classique pour l'instant.

C'est en 1773 que tout bascule. Jean-Bernard alors jeune officier de l'Armée Royale, à la suite d'un duel, est contraint de fuir la France et part se réfugier en Russie où il s'engage comme lieutenant au Régiment de dragons de Smolensk. Il faut dire qu'à l'époque, et notamment sous le règne de la francophile Catherine II, la Russie était perçu comme un véritable eldorado pour certains Français, l'exemple le plus connu étant sans doute Bernardin de Saint-Pierre, qui déchantera vite cependant.

Après examen au sein de l'Académie militaire de Moscou, il devint capitaine-ingénieur en 1776. Il ne profita que peu de temps de cette nouvelle "place" dans l'Armée de Russie.
En effet, revenu en France, il fut "prêté" dès 1777 par l'Armée Royale aux Insurgents américain, où il servit comme officier ingénieur sous le commandement du général Sullivan.
Il s'illustra notamment dans les campagne du Massachusetts en 1778 puis, comme Major du Corps of Engineers sous les ordres du général Washington -le futur Président-, contre les Six Nations Indiennes (1778-1781), avant de participer aux sièges d'York et de Gloucester sous les ordres de Choisy en 1781.

En 1783, il fut breveté par décision spéciale du Congrès Lieutenant-Colonel de l'Armée Continentale, et intronisé membre de la Société des Cincinnati, rassemblant ceux qui s'étaient distingués pour l'indépendance américaine. Il rentra en France l'année suivante, où il épousa le 30 septembre Andrée, Claudine Sain, issue d'une famille de médecins.

Chevalier dans l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis (ancêtre de la Légion d'Honneur) en 1791.

Promu Lieutenant-Colonel d'infanterie, puis Adjudant-Général (grade apparu à la Révolution, sensé être supérieur à celui de colonel, mais ne concerne que l'Etat-Major), colonel du 35ème Régiment d'Infanterie (avec lequel il participa aux célèbres batailles de Valmy et Jemappes) en 1792, puis changea encore d'arme, passant à la cavalerie, en commandant le 13ème Dragons en tant que colonel, puis le flanc droit de l'armée du Nord comme Général de brigade en 1793.

Cest en 1793 ou 94 qu'il quitta, exténué l'armée et revint à Bourg, alors renommé Bourg-Régénéré. S'en suit alors la période trouble de la Terreur, pendant laquelle il fut par deux fois arrêté, ayant dénoncé les exactions des Sans-Culottes (voir à ce sujet l'intéressant article http://www.memoireonline.com/01/08/874/m_la-mission-du-representant-albitte-dans-l-ain21.html ). Il ne dut son salut qu'à son influent parent Gauthier des Orcières, dit Gauthier de l'Ain.

Il mourut deux ans plus tard, sur ses terres, et c'est paisiblement que s'acheva ce "destin de chevalier".

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